L'Ouest Tibétain








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La civilisation de Shang Shung


De vastes prairies ponctuées de sommets enneigés, des vallées agricoles aux cultures irriguées alternant avec des paysages lunaires de roc et de sable, tout cela orné de splendides lacs aux eaux turquoise : l'Ouest tibétain est une terre enchantée, dont l'ultime joyau est le Mont Kailash, élégante silouhette dont l'aura rayonne bien au-delà du Tibet.

Baptisée le "Toit du Toit du Monde", ce territoire majestueux a abrité pendant des siècles une civilisation méconnue : Shang Shung. Elle a émergé au cours du premier millénaire avant notre ère, se structurant à partir des sociétés éparpillées qui occuppaient la région depuis l'Âge du Fer. Tandis que la population continuait de vivre de chasse, d'élevage nomade et d'agriculture de montagne, une aristocratie guerrière s'est développée, jusqu'à reigner sur un territoire aussi vaste que l'actuelle Bolivie, recouvrant l'ouest et le nord du Tibet, qui était alors plus chaud et humide qu'aujourd'hui. Des citadelles furent construites sur le royaume, dans un style culturel unifié. Ces austères forteresses de pierres au toit de tuiles étaient décorées de peintures montrant la vie des habitants de Shang Shung, notamment des scènes de chasse et d'élevage, révélant une culture qui valorisait le cheval et la guerre, un trait commun aux civilisations de l'Asie Centrale.

Civilisation la plus haute du monde, Shang Shung a souffert de cette caractéristique géographique quand la région a commencé à se refroidir, l'appauvrissant progressivement en ressources et en capacité. Affaibli, le royaume finit par attirer la convoitise du pays voisin, une monarchie dynamique basée au Tibet Central qui allait devenir l'une des plus grandes puissance de l'Asie antique. Shang Shung fut incorporé à l'empire tibétain au 7e siècle, et continue de perdre son dynamisme interne jusqu'à rendre son dernier souffle au 10e siècle.








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Les Trois Cercles de Ngari


L'empire tibétain initié par Songtsen Gampo ne dura pas longtemps. Après son effondrement au 9e siècle, une branche dissidente de la famile royale s'enfuit dans l'Ouest tibétain, où ils mirent en place un nouvel état : Ngari Kor Sum, les Trois Cercles de Ngari. Ces trois Cercles étaient Purang au sud, Guge au centre et Rutok au nord - ce dernier incluant le Ladakh, alors appelé Maryul, la Terre Rouge.

Ces vicissitudes politiques n'eurent guère d'influences sur les populations locales, essentiellement rurales et éparpillées sur de vastes territoires. Une contribution notable eut lieu au 11e siècle avec l'essor d'une nouvelle religion le bouddhisme.

Ngari est resté indépendant pendant plusieurs siècles. Pendant ce temps, des seigneurs de la guerre mongols avait refait du Tibet Central un éta torganisé, structuré en monarchie cléricale dirigée par un moine bouddhiste, le Dalai Lama. Celui-ci devînt une autorité centrale pour l'ensemble des tibétains bouddhistes, une fois que les mouvements d'opposition furent écrasés par les troupes mongoles. Ce nouvel état tibétain atteint son expansion géopolitique maximale sous le 5e Dalai Lama au 17e siècle.

En 1682, le royaume de Ngari fut attaqué par le Cachemire. Une armée fufut envoyé par le Tibet pour libérer son voisin occidental. En conséquence, Ngari se retrouva sous la suzeraineté du Dalai Lama.







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De nos jours


Dans la deuxième moitié du 20e siècle, la toute jeune République Populaire de Chine annexa tous les territoire précédemment contrôlé par le pouvoir central de Lhassa, incluant donc la région de Ngari. Le Tibet Central et Ngari constituent à présent l'essentiel de la Région Autonome du Tibet.

A travers les siècles, la vie dans l'Ouest tibétain a peu changé. Les paysans ont continué de cultiver l'orge autour de leurs villages aux solides maisons de pierre, les nomades n'ont cessé de conduire leurs troupeaux de yaks, de chèvres et de moutons qui leur fournissent laine, yaourt, cuir... Les femmes ont toujours porté des ornements à base de turquoise, le cheval a conservé tout son prestige aux yeux des hommes, et l'habitude de chanter en toute occasion n'a pas été perdue, que ce soit pour mener les moutons au pâturage, pour semer les graines de la prochaine récolte ou pour se réunir le soir autour d'un feu pour vibrer ensemble au son des voix racontant des histoire sur la vie, l'histoire et le monde...








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