Sherap Dorjee





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Musicien reconnu de la communauté tibétaine du Ladakh, Sherap Dorjee a joué un très grand rôle dans l'ensemble de ce projet, à la fois comme artiste et comme conseiller culturel sur les questions musicales.

Il chante et présente plusieurs instruments dans l'album collectif Tibet, les chants de l'exil, et nous avons réalisé deux albums consacrés à sa musique, Chansons des Six Hautes Vallées et L'Art du luth tibétain.







Chansons des Six Hautes Vallées


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Sherap Dorjee & Shang Shung Da Yang

Editions BUDA Musique (3016784)


Sherap Dorjee et son groupe Shang Shung Da Yang - tous des réfugiés tibétains basés au Ladakh - nous révèlent les mélodies méconnues des hautes vallées de Thot Tso Yul Duk, dans l'ouest tibétain.

Une occasion rare d'écouter ces chansons paysannes empreintes d'une ancienne poésie montagnarde...





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L'art du luth tibétain




Sherap Dorjee


Editions ARION (ARN 605558)


Sherap Dorjee présente dans ce disque les différents styles de jeu des luths tibétains, principalement le danyen du Tibet Central et le kovo du Tibet Occidental.


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Biographie




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Dans les Six Hautes Vallées


Sherap Dorjee est né en 1964 dans le village de Kharak, une communauté paysanne d’une vingtaine de maisons nichée dans une vallée de l'Ouest tibétain. Plus précisément dans la région de Tho Tso Yultuk, les "Six Hautes Vallées", les vallées habitées les plus hautes du monde... Sherap a grandi dans ce village orné d’une rivière, d’une forêt et d’un système de cultures en terrasses, où l’on cultivait l’orge, les radis, les pommes de terre, et où on élevait de petits troupeaux d’animaux – ce qui amenait un e partie des villageois à passer les mois d’été sous la tente dans les alpages.

Le père de Sherap, Dhundup Dorjee, était un personnage connu dans les environs. En plus d’être forgeron, orfèvre, chasseur émérite, Dhundup était le musicien incontournable de la localité. Aucun instrument ne lui était inconnu. Lors des rassemblements festifs, c’est lui qui jouait le luth kovo pour accompagner les danseurs de gorshey, ainsi que les percussions pour les danses karr et tsey. Lorsque la communauté accueillait un invité de marque, au son des tambours dama et du hautbois suna, c’était encore lui, accompagné d’un autre villageois. Le matin du jour de l’an, il montait sur le toit du monastère jouer du tambour pour apaiser les dieux. Pour son plaisir, il jouait également la flute lingbu et la vièle piwang. Immergé dans cette effervescence musicale, le petit Sherap s’imprégnait du talent de ce père qu’il ne cessera jamais d’admirer. Quant à Dhundup, il était loin de s’imaginer que, bien plus tard, son fils porterait ces musiques du terroir par-delà les frontières.


L’exil : la musique continue


En 1970, suspectant les autorités chinoises d’être sur le point de le réquisitionner dans les rangs de l’Armée de Libération Populaire, Dhundup décide de fuir avec sa famille en Inde, où le Dalai Lama réside depuis une dizaine d’années déjà.

C’est ainsi qu’à l’age de neuf ans, Sherap Dorjee arrive au Ladakh, région himalayenne de culture tibétaine qui fît autrefois partie du royaume de Ngari. Il sera scolarisé dans la toute nouvelle école tibétaine de Choglamsar, avant de partir pour le Népal apprendre divers métiers manuels dans un centre d’apprentissage professionel. Métiers qu’il pratiquera ensuite à Dharamsala, la capitale tibétaine en exil, dans le nord de l’Inde. Ce n’est qu’en 1987 qu’il revient au Ladakh, où il est recruté comme formateur au centre d’apprentissage professionnel de l’école tibétaine.

Dés le début de cette nouvelle vie en exil, Sherap se passionne pour la musique. S’il s’implique rapidement dans les activités musicales de l’école, comme danseur au sein du comité culturel et instrumentiste dans la fanfare flutes-tambours, c’est à titre privé qu’il s’initiera à un instrument devenu rarissime en exil : le luth kovo, instrument-roi des vallées de To Tso Yultuk, dont son père Dhundup était un expert reconnu. Celui-ci étant alors décédé, le jeune Sherap reprendra de lui-même le flambeau paternel, en compagnie de Pema Thinley, camarade d’école également originaire de To Tso Yultuk : c’est Pema qui s’était procuré l’instrument sur lequel les deux garçons feront leur apprentissage. (Si Pema a finalement abandonné la pratique musicale à l’âge adulte, Sherap n’oubliera pas ces premiers pas ensemble et l’invitera, vingt-cinq ans plus tard, à participer à l’enregistrement de l'album "Chansons des Six Hautes Vallées"…)

Durant ses années au Népal et à Dharamsala, Sherap a continué son exploration de la musique : en plus d’animer des troupes de danse, il s’intitie à de nouveaux instruments, comme le luth danyen, la vièle piwang ou la cithare gyumang.


Une carrière musicale


En 1992, l’école de Choglamsar, en carence de professeur de musique, fait appel à Sherap pour préparer le groupe d’élèves qui doit représenter l’établissement lors de la célébration des 25 ans de l’institution scolaire à Dharamsala, au cours de laquelle un concours inter-écoles de danse et musique est prévu. Toutes les établissements tibétains en Inde doivent présenter trois prestations devant un jury. Les élèves de Sherap remporteront le premier prix pour les trois épreuves ! Ce succès éclatant vaudra à Sherap de quitter son poste au centre d’apprentissage technique pour un poste de professeur de musique et de danse, qu’il occuppe depuis à l'école centrale de Choglamsar.

Son travail consiste principalement à enseigner aux jeunes écoliers le répertoire de chants patriotiques de la communauté tibétaine en exil ainsi qu'à former les élèves les plus doués à l'art de la danse, sous la forme de chorégraphies destinées aux representations publiques, et celui de la musique, sous une forme orchestrale héritée des musiques de salon de l’ancienne Lhassa.

Parmi les élèves initiés par Sherap à la musique tibétaine, sa grande fierté est Sontsa, une formation réunissant trois jeunes filles : Tenzin Dekey, Tsesum Dolma et Dolma Tsering. Malgré leur jeune âge, ces trois adolescentes talentueuses ont déjà une riche expérience, ayant joué devant toutes sortes de publics, de la communauté tibétaine aux touristes estivaux en passant par l’armée indienne, sans oublier de multiples passages à la radio et à la télévision du Ladakh…

Lorsque Sherap s'est lancé dans la réalisation de l'album "Chansons des Six Hautes Vallées", il a formé un groupe, Shang Shung Da Yang, avec son ami d'enfance Pema Thinley, et trois chanteuses originaires égalements des vallées de Tot Tso Yultuk : Sonam Zangmo, Pema Yangzin et Norbu Dolma. Elles font partie des rares réfugiés tibétains ayant pû vivre comme cultivateurs jusqu'à la fin des années 90, ce qui leur a permis de maîtriser un riche répertoire de chansons paysannes qu'elles interprètent avec une harmonieuse délicatesse.

La musique mobilise l’essentiel du temps de Sherap : classes quotidiennes, activités du comité culturel, compétitions de danse, quelques cours privés, parfois une prestation pour la radio ou pour un chanteur ladakhi, auxquels s’ajoutent de nombreuses prestations publiques telles que le Festival du Ladakh, le nouvel an ou l’accueil du dalai lama, etc…

Sa rencontre avec Boris Lelong de l'association Altamira a conduit à la production de deux albums sous son nom : "L'Art du luth tibétain", une présentation des différents luths du monde tibétain, suivi par un projet plus ambitieux consacré à sa région natale, Thot Tso Yul Duk : "Chansons des Six Hautes Vallées" - un projet qui lui tenait à coeur.

Il a joué un rôle considérable dans la production de l'album "Les chants de l'exil", à la fois comme chanteur et musicien (luths kovo et danyen, flute lingbu, jerrycan), seul ou avec ses groupes Shang Shung Da Yang et Sontsa, et aussi comme conseiller culturel, mettant sa profonde connaissance de la musique tibétaine au service de ce project collectif.