Aujourd'hui







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Environ sept mille réfugiés tibétains vivent au Ladakh, la grande majorité d'entre eux étant originaires de Ngari, ce qui les rend culturellement proches de leurs hôtes ladakhi. Ils sont plus de cinq mille à vivre dans la bourgade de Choglamsar, dans la vallée de Leh, tandis que les autres habitent au Chang Thang, non loin de la frontière tibétaine.

La population tibétaine de Choglamsat vit dans un environnement urbain qui rappelle les villes du Tibet ancien : des regroupements de maisons cubiques au toit plat. La plupart de ceux qui y résident sont toutefois d'anciens nomades et cultivateurs - ainsi que leur descendance née au Ladakh.

Plusieurs institutions sont basées à Choglamsar : le représentant du gouvernement tibétain, le centre de santé, la foyer de retraités, l'Association des Femmes, le Congrès de la Jeunesse Tibétaine, et le massif complexe scolaire, où les enfants tibétains reçoivent une éducation moderne combinée avec l'enseignement de l'écriture, de l'histoire et de la religion tibétaine, plus, pour certains élèves, l'art et l'artisanat tibétains.

Peu de réfugiés à Choglamsar sont investis dans des activités paysannes. La plupart d'entre eux dépendent de métiers de type urbain : certains travaillent pour les diverses institutions, certains tiennent des commerces (épiceries, restaurants, auberges, etc...) et la majorité dépend de travaux saisonniers dans la bâtiment ou la construction de routes.

Il n'en va pas de même pour les 1500 tibétains installés sur le plateau du Chang Thang : ils sont les seuls réfugiés en Inde à pouvoir maintenir un style de vie similaire à celui du Tibet rural.

Ces bergers nomades partagent les pâturages avec les nomades ladakhi - ce qui ne va pas sans tensions - et vivent sous la tente toute l'année, prenant soin de leurs troupeaux de moutons, de chèvres de yaks et de dzo.

Une communité de tibétains musulmans s'est installée plus à l'ouest, près de Kargil, où la population est majoritairement musulmane.







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Demain


La majorité des réfugiés d'aujourd'hui sont nés au Ladakh et n'ont jamais vu le Tibet. Bien qu'ils soient par certains aspects plus familiers avec le mode de vie indien et occidental que de la culture de leurs parents, d'origine paysanne, il demeurement indiscutablement tibétains. Ils représentent un nouveau groupe socioculturel : les exilés tibétains modernes et urbains. De plus, ils s'identifient clairement comme tibétains et beaucoup espèrent "retourner" au Tibet un jour, si le Tibet retrouve son indépendance.

Certains se demandent parfois s'il ne serait pas plus judicieux de regagner la terre de leur ancêtres sans attendre. "Je m'en sortirais mieux au Tibet, explique Tsewang Dorjee. La terre est vaste, je serais libre d'y développer mon troupeau, pas comme ici au Ladakh où les autorités nous imposent des limites à cause de la pression démographique sur les pâturages."

Tenzin Nyendak s'est infiltré au Tibet et confirme cette impression : "j'ai vu beaucoup de nomades qui vivaient bien, ils semblaient avoir une certaine liberté religieuse, j'avais envie de rester pour y élever des animaux..."

Même chez les plus anciens, ceux qui sont nés au Tibet et s'en sont enfuit il y a des décennies, l'espoir de retour est présent. Pas toujours : Khampa Dhadul, né dans le Kham, ne croit pas qu'il prendra un jour le chemin du retour : "je n'ai plus d'espoir de retourner au Tibet. Je me prépare à mourrir ici en Inde, bien que je préfèrerais mourrir dans mon pays..."

A l'inverse, Jampa yangdol, née dans l'Ouest tibétain dans les années trente : "je suis très optimiste quant à l'avenir de mon pays. Grâce au Dalai Lama et à l'aide étrangère, je mourrai au Tibet." "Nous rentrerons certainement bientôt chez nous, continue son amie Jangchup Dolma, peut-être dans deux ou trois ans." "J'éspère toujours rentrer au Tibet, dit Jangchup Wangmo, une autre dame âgée de Choglamsar. Au fond de moi-même, je veux rentrer le plus vite possible."





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