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Télérama
La première moitié de cet album est proprement envoûtante. Le Mauritanien Moudou Ould Mattalla joue de la guitare électrique, mais ce sont les sonorités torsadées, dans les notes les plus basses, du luth à deux cordes tidinit que l’on entend. A ses côtés à l’occasion, des femmes chantent de mélancoliques refrains et frappent dans leurs mains des rythmes euphorisants. Le désert est là, à portée d’oreille, avec ses lentes danses syncopées qui invitent à l’ondulation des épaules et au tournoiement des têtes. Les fans d’Ali Farka Touré percevront très vite le cousinage avec les traditions tamatchek de Tombouctou. Ceux qui ont été emballés par les quelques groupes de rock touareg qui ont percé ces dernières années auront là une occasion de se familiariser avec leurs sources les plus rugueuses, certes, mais aussi les plus charmeuses.
A mi-parcours, la magie de ces improvisations en solo, judicieusement relayées par des chants populaires collectifs, s’effiloche un peu. Mais peut-être s’agit-il simplement de l’alternance des modes traditionnels, d’abord festifs comme le karr et le varhou, puis de plus en plus méditatifs, le lekhal, le lebyad. D’ailleurs, au bout de la deuxième écoute, la différence est moins nette, et l’on finit par céder à l’hypnose jusqu’aux derniers accords de guitare.
Eliane Azoulay
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Les Inrockuptibles
Le nom de Moudou Ould Mattalla pourrait sans mal figurer aux côtés d’autres guitaristes autodidactes mieux réputés, parmi lesquels l’Indien Debashish Bhattacharya, le Malgache D’Gary et le fondateur du groupe malien Tinariwen, Ibrahim Ag Alhabib. Le point commun à cette courte diaspora est d’avoir su sortir du rang en transposant une partie du répertoire traditionnel de leurs régions respectives sur une guitare électrique, sans jamais en dénaturer l’essence ni en déserter l’esprit. Dans le cas de ce musicien natif de Chinguetti, la cité ancestrale du Sahara mauritanien, le transfert s’est opéré à partir du luth à deux cordes tidinit, un de ces instruments du grand désert dont la maigre sonorité cache un pouvoir d’évocation aux ressources infinies.
La tâche de Moudou, qui avoue avoir beaucoup écouté Pink Floyd dans sa jeunesse, fut facilitée pour des raisons d’assonance évidente. Depuis Ali Farka Touré, dont il se propose ici en filleul mauritanien très acceptable, on sait la proximité existant entre certaines structures musicales ouest-africaines et celles qui inspirèrent l’ensemble des styles issus du blues. Ce disque, où il est accompagné par le chœur féminin El Mouna, constitue l’acte de naissance phonographique du guitariste. On s’y sent comme transporté dans l’intimité d’une veillée au pays des dunes, avec le chant des grillons pour fond sonore, à goûter cette langoureuse plénitude qui naît du sommaire et de la fragilité. Outre l’exceptionnelle qualité poétique des musiques, le livret a le mérite de nous révéler bien des secrets musicologiques de cette région. Tout un voyage.
Francis Dordor
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La Médiathèque [Belgique]
Fascinante guitare électrique qui, dans ses improvisations, évoque à merveille les hésitations de l’esprit en déplacement, vif et instable, curieux de tout, cherchant à épouser les choses pour mieux les comprendre, les saisir, les exprimer. Improvisations guitaristiques qui représentent cette énergie spirituelle qui s’immisce dans les choses, dans les principes de vie, pour les habiter, les comprendre. Puis, la guitare s’incarne, plus l’ombre d’une hésitation, elle sait où elle va. Matérielle, tranchante et ciselée, dure, précise. Chaude. Moudou ould Mattalla puise aux héritages des griots, s’enflamme en ravivant les traditions des palmeraies, dialogue avec l’âme de quelques grands guitar heroes occidentaux…
(Livret documenté, instructif)